Débarqués à Kampot avec seulement une heure de retard (UN RECORD !), nous partons immédiatement à la recherche d’un hôtel pour la nuit. On parvient à passer au travers de quelques conducteurs de taxis et/ou rabatteurs sans trop de difficultés et nous dirigeons vers une auberge, repérée au hasard d’une brochure lors de notre trajet en bus. Il s’avère que l'on vient de trouver une perle rare : chambre double propre dans une ambiance conviviale pour 4 dollars, soit environ 3 euros. Bon du coup nous n’avons droit qu’à une douche froide et des toilettes en dehors de la chambre mais il est difficile de se plaindre...

L’après-midi, nous partons découvrir la ville sur un vélo un peu
pourri de l’hôtel. Nous sommes frappés par le calme qui y règne. Pas de
circulation ingérable, peu de bruit, des routes en terre, des
Cambodgiens qui parlent très peu anglais. On peut souffler, on a trouvé
notre bonheur.
Arrivés au marché en train de fermer,
personne ne fait vraiment attention à nous (et ce n’est pas plus mal).
On ne fait pas long feu pourtant, rattrapé par l’odeur nauséabonde qui y
règne. Les Cambodgiens n’ont pas l’air d’en être dérangés, notre
notion de puanteur doit être bien différente elle aussi.
Le
soir, nous nous y prenons un peu tard pour dîner et trouvons un boui
boui ouvert avec pour seule nourriture : une soupe de noodles. On ne
fait pas nos difficiles et signons. Les locaux sont un peu surpris de
nous voir ici et une fois encore ils nous regardent avec insistance et
rient de bon coeur. On pourrait s’offenser face à ces rires moqueurs
mais après un bon mois en Asie on a compris qu’ils n’ont absolument
rien de méchants alors on laisse passer. Erreur que l’on ne commet
rarement : on oublie de demander le prix pour cette soupe à la viande
bien trop grasse. Et là, les paranos que nous sommes, pensons devoir
payer une somme invraisemblable pour touristes. Finalement nous payons
2000 riels pour deux soit ... 50 centimes. Ça c’est du repas pas cher
comme on les aime !



Le lendemain, nous planifions de louer un scooter pour la journée. Enfin, ça c’était le plan du départ. Car finalement nous nous levons un peu tard et surtout, nous passons bien 1 heure et demi pendant notre petit-déjeuner, à parler avec Guy, un Français à la retraite (plus ou moins), ayant habité de 0 à 10 ans au Cambodge et décidé de redécouvrir ce pays 50 ans après pendant environ 5 mois. Ce dessinateur industriel graphique de l’armée reconverti est vraiment très sympa et intéressant. Il a quitté Andorre -où il réside notamment pour fuir les impôts français- pour visiter un pays qui a bien changé, sans un mot de khmer et seulement deux/trois mots d’anglais.
Un Allemand habitué de l’Asie et visiblement féru de voyages nous rejoint également, et nous en profitons pour échanger nos impressions sur ce bout du monde. On quitte nos nouveaux amis en fin de matinée, décidés à trouver un scooter pas trop cher.
Sur la route, nous nous arrêtons à la station de bus pour connaitre les prix des billets pour le lendemain. Là, un couple de Français est assis, la femme en larmes. Un peu déconcertés, on ne sait pas trop si on doit leur demander ce qui ne va pas et risquer d’interférer dans leur vie privée. Finalement nous décidons tout de même de leur proposer de l’aide, se disant que nous étions dans le même bateau. Nous apprenons donc leurs “malheurs”, un séjour au Cambodge qui tourne pas vraiment bien puisque lui, Daniel, a dévalé des marches d’un hôtel à cause d’une coupure de courant, s’amochant bien comme il faut et ravivant une blessure à la jambe. Tandis qu’elle, Nicole, a demandé un mini-bus plus cher mais de qualité pour son mari qui a des difficultés à marcher et a payé environ 7 fois plus...pour le même mini-bus pourri que tout le monde prend. Ils se sont ainsi retrouvés débarqués au milieu de nulle part en plein soleil, serrés comme des sardines dans un mini-bus bien plus vieux qu’eux d’eux réunis. Une goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ils regrettent amèrement que les Cambodgiens n’aient d’égard pour la condition physique moins bonne de son mari blessé.
Un désarroi qui nous rappelle nos ras de bol réguliers, l’impression d’être des portefeuilles et non plus des êtres humains et d’être floués sans arrêt. Nous trouvons un scooter un peu cher, déposons Daniel à un hôtel et nous rencardons pour eux sur un vrai bon mini-bus pour leur prochaine étape. On aide pas beaucoup mais finalement, la déception passe et nous bavardons tranquillement autour d’un pot. Nous apprenons donc qu’ils voyagent pendant 7 mois en Asie, habitent à Biarritz en France mais passent 6 mois de l’année en Thaïlande. De notre côté, on est rassurés, même des habitués de l’Asie subissent les arnaques en tout genre courantes envers les touristes. Leur mésaventure nous aura au moins permis de rencontrer un couple très sympa.
Il est midi quand nous commençons enfin nos pérégrinations autour de Kampot. Comme d’habitude, un sentiment de liberté nous habite à deux sur notre engin. Nous arrivons sans trop le vouloir à Kep, ville adjacente au bord de la mer. Nous faisons halte le temps de quelques photos et Maïté décide de se mettre pour la première fois “au guidon”. Ça se passe pas si mal, on ne tombe pas et Vincent peut profiter un peu plus du paysage. Bon, ça dure pas bien longtemps et notre aventurière laisse Vincent reprendre le guidon à la recherche d’un village qu’on ne trouvera jamais.
Nous nous baladons un peu sur des chemins de terre, de jeunes Cambodgiens courant à notre rencontre pour s’improviser guide avec pour tout mot d’anglais “hello”. On repart le sourire aux lèvres et parcourons les alentours sans réel but. Les paysages sont relaxants, des étendues de champs jaunes, ses vaches et bergers et quelques habitations de fortune.
Nous parviendrons tout de même à l’une des grottes de la région où, plutôt que de la visiter, préférons nous arrêter boire un jus de sirop de canne avec un moine Bouddhiste. Il a le même âge que nous, est moine depuis 10 ans et étudie la littérature anglaise.
L’échange est difficile vu son niveau d’anglais mais nous apprécions sa compagnie, sa simplicité et le fait qu’il s’intéresse à nous sans nous demander d’argent.
Nous ne trouverons pas la deuxième cave et décidons qu’il est temps de chercher les marais salants près de Kampot avant la tombée de la nuit.
Nous faisons halte au café Epic, un café proposant de la nourriture maison très tentante cuisinée et servie par des sourds et malentendants. L’endroit est très accueillant, propre, et le goûter que nous prenons est succulent. La prise de commande se fait aisément et avec quelques sourires et quelques gestes, on arrive à se faire comprendre.

Puis à nouveau sur notre bécane, nous empruntons un chemin de terre sur lequel Maïté reprend le guidon. Le chemin est bourré de pierres et de nids de poules mais Vincent n’a même pas peur derrière elle (il devrait peut-être). C’est vraiment sympa de traverser le coin au milieu des villageois, tous super souriants sur notre passage.
Le soleil commence à se coucher, les couleurs et les ambiances nous ravissent. Très poussiéreux et crevés, nous rentrons en fin d’après-midi.

Le soir, nous nous rendons au bar détenu par notre hôtesse de l’auberge. Vraie business woman, elle possède un bar, un centre de massage, et est mariée avec le Français propriétaire de l’hôtel dans lequel nous sommes.
Dans le bar, nous retrouvons un jeune Français qui s’est entiché d’une Cambodgienne et qui travaille 6 mois de l’année comme barman en Suisse, Guy, et la business woman de tenancière. L’ambiance est super, nous rigolons avec les serveuses, nous enchainons les bières jusqu’à nous faire payer un verre par la gérante.
Peu enclins à suivre les serveuses et le Français en boîte ensuite, nous rentrons heureux et éméchés. Après 7 mois et demi sans alcool ou presque, nous ne tenons plus après quelques verres...
Le lendemain, dernier arrêt express au Cambodge, avec un après-midi à Sihanoukville, LA cité balnéaire de la côte. On nous avons prévenu du pire, une immense plage bondée de touristes et de rabatteurs en tout genre, et sommes finalement rassurés. Ce n'est pas trop bondé, et les rabatteurs sont moins insistants qu’à Bali.
Un gros plouf dans une mer outrageusement accueillante, une escale un peu involontaire dans le lointain centre-ville pas touristique du tout, et un repas dans un bouiboui très sympa et nous voilà couchés pour une bonne nuit, prêts à prendre notre bus+bateau du lendemain pour la Thaïlande.
C’était sans compter sur le bar de l’auberge, très sympa la journée, et très bruyant la nuit. Alors quand on est dans un bungalow en planches à 10 mètres d’une soirée, on peut pleinement profiter de la musique à tue-tête, d’ailleurs on ne nous laisse pas le choix.
Oui, bon, ok, on devient des vieux aigris... mais quand même !
Allez, on dormira pendant nos 8h de transport du lendemain...