Cà (ph)an(ph)aronne en Egypte !


Une croisière sur le Nil, un classique qui fait encore rêver. Premier voyage organisé pour l’adepte de la formule « sac à dos », ce n’était pas gagné d’avance. Dès l’aéroport, je suis rapidement repérée « hayet, hayet », la demoiselle est un peu figure locale avec son nom à consonance arabe!

Pourtant, les premiers échanges sont ratés avec des Egyptiens empressés de porter nos sacs et ainsi pouvoir demander un bakchich à hauteur de…5 euros ! Sauf que nos deux bras sont encore en état de fonctionnement et nous sommes tout à fait capables de nous en sortir. Notre budget vacances ne passera pas dans des porteurs les mecs! En conséquence, quelques doigts d’honneur pas franchement agréables et une entrée en matière relativement effrayante. Welcome in Egypt!

Arrivées dans le bateau, nous dégustons un cocktail local pas tout à fait à notre goût. Nous nous improvisons également chanteuses sur les fiches de renseignements à remplir et découvrons une cabine vraiment très spacieuse. Le luxe, ce n’est pas si mal finalement…

Ramadan oblige, notre guide au Français irréprochable, Mido, nous conseille d’éviter les vêtements trop décolletés ou jupes trop courtes. Alice joue le jeu, moi un peu moins, histoire d'embêter notre guide un peu dragueur et assurer niveau bronzage. Nous nous rendrons rapidement compte pendant le séjour que les hommes changent radicalement de comportements une fois le Ramadan terminé. Ils nous matent sans aucune gêne, on se sent un peu comme des starlettes d'un jour ou plutôt des morceaux de viande bien fraiche du coup ! Si certaines n'en peuvent plus de ces regards parfois insistants, nous essayons de relativiser un peu plus et en étant sympa avec eux, ils ne dépassent pas certaines limites.

A LA RECHERCHE DE LA VIEILLE PIERRE…

Oui parce que depuis l’Irlande, Alice et moi sommes un peu devenues les expertes de la recherche de vieille pierre. Comprenez tout monument un peu historique d'une ville. Et en Egypte, on est servies!


Le premier arrêt du côté des colosses de Memnon sonne le début des visites égyptiennes. Les colosses de Memnon ? Deux grandes sculptures en pierre et derniers vestiges du gigantesque temple d'Amenhotep III. Belle entrée en matière, nous apprécions au passage un décor plutôt vert, quand bien même l'Egypte est connue pour être à 90% désertique. On nous aurait menti ?
C'est en effet dans la région la plus verte du pays que nous débutons notre séjour.


La visite du prodigieux temple de Karnak, situé à 2,5 km de Louxor, est sans aucun doute le site le plus inoubliable du voyage. Karnak ne peut pas décevoir avec ses 184 colonnes géantes finement décorées de hiéroglyphes.

Et puis nous vivons une version remasterisée du film "Mort sur le Nil". Les hiéroglyphes n'étaient donc pas une invention de Madame Martin, ma prof d'histoire géo en 6ème7!

La Vallée des Rois est, à l'inverse, ma grande déception. Connue pour abriter les tombeaux des si nombreux pharaons du Nouvel Empire, mais également ceux de certaines épouses et enfants, cette visite m'a un peu fait penser à un grand Père Lachaise.

Tout le monde en parle mais finalement difficile d’oublier que l’on visite... un cimetière géant! Bon ok, j'exagère un peu, l’intérieur des tombeaux est sublime mais quand on en a visité un, il n’est pas forcément la peine de visiter les 63 autres...

Longtemps hésitantes, nous avons finalement opté pour un passage par un village. Après une traversée géniale sur un petit bateau à voiles, nous voilà débarquées au milieu de nulle part dans un village habité des Egyptiens les plus pures : les Nubiens. Nous ne sommes pas déçues et passons un très bon moment en compagnie du chef du village. Nous ne sommes pas non plus complètement dupes quant au côté touristique de cette visite mais elle n’en demeure pas moins charmante.


Il y a eu aussi la découverte de bien d’autres temples (Louxor, Kom Ombo, Horus à Edfou…), celle des bazars Egyptiens ou du grand barrage d'Assouan. Des soirées mémorables, notamment une danse du ventre endiablée d'Alice qui me donnera matière à des moqueries journalières ou une autre à fumer la chicha avec nos amis éphémères. L'Egypte c'est aussi de splendides couchers de soleil alors que retentit l'appel à la prière au loin, des paysages merveilleux au bord du Nil, ses habitants à dos d'ânes, mais aussi la chaleur d'un pays que l'on est sûres de ne pas oublier.

…ET PUIS…

L’Egypte c’était de belles rencontres aussi. Deux Anglaises qui nous prenaient des cocktails à l’œil, un magicien et sa femme, des récits sur la Guyane grâce à un couple métissé, une maman et sa fille très attachantes et bien d’autres encore. Un groupe en provenance de toute la France…et même de Pont Saint Esprit ! Des envies différentes, des origines diverses, et de très bons moments sur le bateau et en dehors du bateau.


En bref, l'Egypte j’ai adoré et je suis bien décidée à y retourner pour découvrir les pyramides la prochaine fois !

...maintenant elle est tombée sur un oz toute seule!


Les Bisounours sont rentrés de leur périple mais ont laissé leur duo infernal à l'aéroport. 

Un blog orphelin c'est un peu triste. J'ai longtemps hésité. Il a été fermé, puis réouvert, puis refermé et à nouveau réouvert. 
Aujourd'hui, c'était un peu comme une évidence. Il est temps de s'approprier ces voyages.

Des destinations, il y en a un paquet encore dans ma tête, quelques unes sur lesquelles j'ai déjà atterri et d'autres à venir.

Alors le blog a droit aussi a son nouveau départ...avec moi toute seule, pour le meilleur et surtout pour le pire ! :)




 GOOD LUCK...






Bon, et maintenant…

… c'est quoi la prochaine destination ?


Île paradisiaque et Éléphantage pour finir en beauté

Samedi midi, nous entrons en Thaïlande, après un trajet étonnamment tranquille depuis Sihanoukville. Pas de mauvaise surprise à la frontière, pas d’arnaque de dernière minute, UNE PREMIERE!

Une longue pause déjeuner plus tard, nous embarquons dans un minibus direction Koh Chang, une île thaïlandaise non loin du Cambodge, notre dernière destination de ces 7 mois et demi de voyage. À nos côtés, Daphné, Hollandaise de 29 ans, un peu tarée et super sympa. On accroche bien et nous nous promettons de nous retrouver pour la veille de son départ, mardi soir prochain à Bangkok.

À peine débarqués sur l’île, nous sommes pris en charge par un taxi local, à savoir un pick-up dont l’arrière est aménagé pour accueillir le plus de monde possible, même debout accroché à l’arrière du véhicule. Vincent a donc la chance de passer une partie du voyage à l’air libre, secoué sévèrement à chaque virage, ce qui a largement tendance à ne pas me rassurer, ayant encore besoin de lui pour terminer ces “grandes vacances”.

Nous prenons nos quartiers pour 3 nuits dans une guesthouse au fin fond de l’île, dans un petit paradis éloigné de l’agitation des grandes plages. On est installés dans un bungalow ultra basique à flanc de colline où l’on est bercés par le bruit des vagues, avec pour lieu de vie de l’auberge une terrasse posée sur la mer, dans une petite baie isolée.

Notre programme pour cette fin de voyage est plutôt chargé, à savoir ... ne rien faire et profiter de ces derniers moments loin de l’agitation parisienne.



On y passe de délicieuses journées entre farniente, baignade, dégustation de la succulente cuisine thaï et enfin, mon rêve, LES N’ELEPHANTS!

En même temps, c’est le lieu parfait pour aller à la rencontre de ces grosses bébêtes puisque Chang, en thaïlandais, signifie-accessoirement-éléphant. On est donc sur l’île des animaux à trompe et grandes oreilles !

Nous réservons un tour en éléphant et faisons connaissance avec Numnim, 15 ans, et son maître Pi, 16 ans à peine. Ni une ni deux, on grimpe sur notre monture pour les 2 prochaines heures, bien installés sur des sièges relativement confortables. C’est plutôt vertigineux et impressionnant! La peau de l’animal est rugueuse et les poils rêches, mais on adore l’expérience.
Pépère, Numnim se déplace tranquillement en remuant le popotin, à pas feutrés, s’arrêtant ça et là arracher une branche avec sa trompe pour l’engouffrer dans sa bouche. On a l’impression que les éléphants portent un pyjama trop grand pour eux tant leur peau flotte à chaque pas.

Après une heure de balade dans la forêt, place à la baignade. Dans une rivière à la couleur douteuse, nous montons donc Numnim à crue cette fois-ci et cette dernière, sous les ordres de Pi, plonge la tête sous l’eau. En vrai roi et reine du rodéo, on glisse dans l’eau, Numnim se transformant en toboggan ou tremplin, s’immergeant complètement, tout aussi amusée que les deux petits humains sur son dos. Vraiment très impressionnant de se baigner avec cette bébête aussi énorme qu'affectueuse !

A l’arrivée, nous dégustons quelques fruits frais et donnons à manger à notre nouvelle copine.

Il est déjà l’heure des adieux avec elle puisque cet après-midi il faut que l’on fasse ... RIEN et qu’on en profite à fond !


Mardi matin, il faut déjà quitter notre paradis pour rejoindre la capitale Bangkok où nous attend notre avion retour. Dès notre arrivée, on retrouve Daphné qui repart pour sa part le lendemain après 3 semaines entre la Thaïlande et le Cambodge. L’occasion de nous faire une pré dernière soirée en Asie où l’on continue de découvrir les délices culinaires du pays.

Mercredi c’est farniente, balade tranquille dans le quartier où nous logeons. La ville est beaucoup plus apaisée (d’un point de vue asiatique, entendons-nous...) et accueillante que nous l’imaginions, il va définitivement falloir que l’on revienne visiter la Thaïlande la prochaine fois !

Dernière soirée, derniers moments du voyage, on a le coeur gros à l’idée de rentrer, un mélange d’énorme impatience et de grosses inquiétudes. On craint un retour à une vie dans les normes françaises, avec une certaine pression sociale qui ne laisse pas forcément la possibilité d’avoir des parcours “différents". Y’a pas à dire, notre liberté absolue des derniers mois va nous manquer !

Jeudi matin, 10h30, nous décollons avec Aeroflot pour ... Moscou. Contact avec la terre russe 10h plus tard, il fait -13°C, près de 45°C de moins qu’en Thaïlande : la transition est brutale ! Dans le terminal où nous attendons notre vol pour Paris, beaucoup dévisagent ces deux urluberlus en t-shirts, shorts, et tongs en plein milieu de l’hiver moscovite, mais bon, “on s’en fout, on est des fous !"

Et puis surtout, on est attendus à Roissy, et on espère bien y arriver pas trop gelés dans notre tenue de ces 8 derniers mois à part...

Même pas tombés dans les pommes en potpot à Kampot


Débarqués à Kampot avec seulement une heure de retard (UN RECORD !), nous partons immédiatement à la recherche d’un hôtel pour la nuit. On parvient à passer au travers de quelques conducteurs de taxis et/ou rabatteurs sans trop de difficultés et nous dirigeons vers une auberge, repérée au hasard d’une brochure lors de notre trajet en bus. Il s’avère que l'on vient de trouver une perle rare : chambre double propre dans une ambiance conviviale pour 4 dollars, soit environ 3 euros. Bon du coup nous n’avons droit qu’à une douche froide et des toilettes en dehors de la chambre mais il est difficile de se plaindre...

 L’après-midi, nous partons découvrir la ville sur un vélo un peu pourri de l’hôtel. Nous sommes frappés par le calme qui y règne. Pas de circulation ingérable, peu de bruit, des routes en terre, des Cambodgiens qui parlent très peu anglais. On peut souffler, on a trouvé notre bonheur.

Arrivés au marché en train de fermer, personne ne fait vraiment attention à nous (et ce n’est pas plus mal). On ne fait pas long feu pourtant, rattrapé par l’odeur nauséabonde qui y règne. Les Cambodgiens n’ont pas l’air d’en être dérangés, notre notion de puanteur doit être bien différente elle aussi.

Le soir, nous nous y prenons un peu tard pour dîner et trouvons un boui boui ouvert avec pour seule nourriture : une soupe de noodles. On ne fait pas nos difficiles et signons. Les locaux sont un peu surpris de nous voir ici et une fois encore ils nous regardent avec insistance et rient de bon coeur. On pourrait s’offenser face à ces rires moqueurs mais après un bon mois en Asie on a compris qu’ils n’ont absolument rien de méchants alors on laisse passer. Erreur que l’on ne commet rarement : on oublie de demander le prix pour cette soupe à la viande bien trop grasse. Et là, les paranos que nous sommes, pensons devoir payer une somme invraisemblable pour touristes. Finalement nous payons 2000 riels pour deux soit ... 50 centimes. Ça c’est du repas pas cher comme on les aime !



Le lendemain, nous planifions de louer un scooter pour la journée. Enfin, ça c’était le plan du départ. Car finalement nous nous levons un peu tard et surtout, nous passons bien 1 heure et demi pendant notre petit-déjeuner, à parler avec Guy, un Français à la retraite (plus ou moins), ayant habité de 0 à 10 ans au Cambodge et décidé de redécouvrir ce pays 50 ans après pendant environ 5 mois. Ce dessinateur industriel graphique de l’armée reconverti est vraiment très sympa et intéressant. Il a quitté Andorre -où il réside notamment pour fuir les impôts français- pour visiter un pays qui a bien changé, sans un mot de khmer et seulement deux/trois mots d’anglais.
Un Allemand habitué de l’Asie et visiblement féru de voyages nous rejoint également, et nous en profitons pour échanger nos impressions sur ce bout du monde. On quitte nos nouveaux amis en fin de matinée, décidés à trouver un scooter pas trop cher.



Sur la route, nous nous arrêtons à la station de bus pour connaitre les prix des billets pour le lendemain. Là, un couple de Français est assis, la femme en larmes. Un peu déconcertés, on ne sait pas trop si on doit leur demander ce qui ne va pas et risquer d’interférer dans leur vie privée. Finalement nous décidons tout de même de leur proposer de l’aide, se disant que nous étions dans le même bateau. Nous apprenons donc leurs “malheurs”, un séjour au Cambodge qui tourne pas vraiment bien puisque lui, Daniel, a dévalé des marches d’un hôtel à cause d’une coupure de courant, s’amochant bien comme il faut et ravivant une blessure à la jambe. Tandis qu’elle, Nicole, a demandé un mini-bus plus cher mais de qualité pour son mari qui a des difficultés à marcher et a payé environ 7 fois plus...pour le même mini-bus pourri que tout le monde prend. Ils se sont ainsi retrouvés débarqués au milieu de nulle part en plein soleil, serrés comme des sardines dans un mini-bus bien plus vieux qu’eux d’eux réunis. Une goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ils regrettent amèrement que les Cambodgiens n’aient d’égard pour la condition physique moins bonne de son mari blessé.

Un désarroi qui nous rappelle nos ras de bol réguliers, l’impression d’être des portefeuilles et non plus des êtres humains et d’être floués sans arrêt. Nous trouvons un scooter un peu cher, déposons Daniel à un hôtel et nous rencardons pour eux sur un vrai bon mini-bus pour leur prochaine étape. On aide pas beaucoup mais finalement, la déception passe et nous bavardons tranquillement autour d’un pot. Nous apprenons donc qu’ils voyagent pendant 7 mois en Asie, habitent à Biarritz en France mais passent 6 mois de l’année en Thaïlande. De notre côté, on est rassurés, même des habitués de l’Asie subissent les arnaques en tout genre courantes envers les touristes. Leur mésaventure nous aura au moins permis de rencontrer un couple très sympa.

Il est midi quand nous commençons enfin nos pérégrinations autour de Kampot. Comme d’habitude, un sentiment de liberté nous habite à deux sur notre engin. Nous arrivons sans trop le vouloir à Kep, ville adjacente au bord de la mer. Nous faisons halte le temps de quelques photos et Maïté décide de se mettre pour la première fois “au guidon”. Ça se passe pas si mal, on ne tombe pas et Vincent peut profiter un peu plus du paysage. Bon, ça dure pas bien longtemps et notre aventurière laisse Vincent reprendre le guidon à la recherche d’un village qu’on ne trouvera jamais.

Nous nous baladons un peu sur des chemins de terre, de jeunes Cambodgiens courant à notre rencontre pour s’improviser guide avec pour tout mot d’anglais “hello”. On repart le sourire aux lèvres et parcourons les alentours sans réel but. Les paysages sont relaxants, des étendues de champs jaunes, ses vaches et bergers et quelques habitations de fortune.


Nous parviendrons tout de même à l’une des grottes de la région où, plutôt que de la visiter, préférons nous arrêter boire un jus de sirop de canne avec un moine Bouddhiste. Il a le même âge que nous, est moine depuis 10 ans et étudie la littérature anglaise.

L’échange est difficile vu son niveau d’anglais mais nous apprécions sa compagnie, sa simplicité et le fait qu’il s’intéresse à nous sans nous demander d’argent.

Nous ne trouverons pas la deuxième cave et décidons qu’il est temps de chercher les marais salants près de Kampot avant la tombée de la nuit.

Nous faisons halte au café Epic, un café proposant de la nourriture maison très tentante cuisinée et servie par des sourds et malentendants. L’endroit est très accueillant, propre, et le goûter que nous prenons est succulent. La prise de commande se fait aisément et avec quelques sourires et quelques gestes, on arrive à se faire comprendre.



Puis à nouveau sur notre bécane, nous empruntons un chemin de terre sur lequel Maïté reprend le guidon. Le chemin est bourré de pierres et de nids de poules mais Vincent n’a même pas peur derrière elle (il devrait peut-être). C’est vraiment sympa de traverser le coin au milieu des villageois, tous super souriants sur notre passage.

Le soleil commence à se coucher, les couleurs et les ambiances nous ravissent. Très poussiéreux et crevés, nous rentrons en fin d’après-midi.

Le soir, nous nous rendons au bar détenu par notre hôtesse de l’auberge. Vraie business woman, elle possède un bar, un centre de massage, et est mariée avec le Français propriétaire de l’hôtel dans lequel nous sommes.

Dans le bar, nous retrouvons un jeune Français qui s’est entiché d’une Cambodgienne et qui travaille 6 mois de l’année comme barman en Suisse, Guy, et la business woman de tenancière. L’ambiance est super, nous rigolons avec les serveuses, nous enchainons les bières jusqu’à nous faire payer un verre par la gérante.

Peu enclins à suivre les serveuses et le Français en boîte ensuite, nous rentrons heureux et éméchés. Après 7 mois et demi sans alcool ou presque, nous ne tenons plus après quelques verres...

Le lendemain, dernier arrêt express au Cambodge, avec un après-midi à Sihanoukville, LA cité balnéaire de la côte. On nous avons prévenu du pire, une immense plage bondée de touristes et de rabatteurs en tout genre, et sommes finalement rassurés. Ce n'est pas trop bondé, et les rabatteurs sont moins insistants qu’à Bali.

Un gros plouf dans une mer outrageusement accueillante, une escale un peu involontaire dans le lointain centre-ville pas touristique du tout, et un repas dans un bouiboui très sympa et nous voilà couchés pour une bonne nuit, prêts à prendre notre bus+bateau du lendemain pour la Thaïlande.

C’était sans compter sur le bar de l’auberge, très sympa la journée, et très bruyant la nuit. Alors quand on est dans un bungalow en planches à 10 mètres d’une soirée, on peut pleinement profiter de la musique à tue-tête, d’ailleurs on ne nous laisse pas le choix.
Oui, bon, ok, on devient des vieux aigris... mais quand même !

Allez, on dormira pendant nos 8h de transport du lendemain...




Ca vaut quand même la (Phnom) Penh d'y passer

Après 6 bonnes heures de route, nous avons donc quitté la douce ville de Siem Reap pour la bruyante capitale de Phnom Penh. La première impression n'est pas la plus positive. C'est une ville plutôt crade, avec une architecture relativement quelconque, et pas grand chose à faire ou à voir, mis à part 2-3 lieux vraiment chouettes.

Sur la route de Phnom Penh, dans un resto, une casserole préparant une
délicieuse fricassée de tortue dans sa carapace, ça vous tente ?

A sa décharge, Phnom Penh a été littéralement vidée de ses 2 millions d'habitants en une journée et ses équipements et industries détruits par les Khmers Rouges, au milieu des années 70's.
Nous passons notre lundi après-midi entre repos dans la chambre d'hôtel et balade dans les rues, pas les plus touristiques, loin de là, et nous sommes dévisagés par à peu près tout le monde.





Nous découvrons un contraste énorme entre l'extrême pauvreté sur les trottoirs et les énormes 4x4 omniprésents sur le bitume. Apparemment, les nombreuses ONG en activité dans le pays y seraient pour beaucoup dans la prolifération de ses monstrueux SUV. On reste également dérangés par le fait qu'on paye principalement en dollars dans tout le pays.  Certes c'est bien pratique mais pas franchement économique au final puisque rien ou presque est à moins d'un dollar. Enfin, nous croisons régulièrement de vieux occidentaux traîner avec de jeunes et jolies cambodgiennes, aucun doute sur le fait que ce ne soit pas l'amour qui anime ces dernières. On entend d'ailleurs ensuite 3 vieux pas beaux s'enorgueillir de leur "prise" du séjour, l'un précisant qu'il en a une super qui l'attend aussi en Thaïlande : on croirait qu'ils parlent de marchandise, c'est tout simplement répugnant !








Après cette première rencontre un peu amère avec la ville, nous nous préparons pour notre journée culturelle du mardi.
Au programme, matinée gaie et joyeuse dans les allées des bâtiments somptueux du palais royal (oui oui, le Cambodge est un royaume !) et après-midi plus… intense avec la visite de S21, la tristement célèbre prison-centre de tortures des Khmers Rouges.

Bon, dans les faits, et avec notre sens de l'organisation aigu, ce sera plutôt l'inverse, puisque nous trouvons portes closes au Palais à 11h, il vient de fermer. Petit tour de tuk-tuk express jusqu'à S21, à quelques encablures de là.

Initialement, le site de S21 était un lycée du centre de la capitale. L'arrivée au pouvoir des Khmers Rouges en 1975 a quelque peu changé sa fonction. Ainsi, Pol Pot, au retour de brillantes études supérieures en France où il a découvert Marx, décide de faire du pays un symbole ultra communiste. Il faut donc détruire et interdire tout ce qui est outil industriel pour revenir à une culture manuelle, agraire. L'éducation est aussi à bannir, et les études supérieures, qui ont pourtant "permis" à Pol Pot et aux dirigeants khmers rouges de s'instruire, est méprisée.
Ce n'est donc sans doute pas par hasard si ce lycée de la capitale devient une prison théâtre d'atrocités innommables. En activité de 1975 à la chute du régime en 1979, il a vu passer plus de 14 000 prisonniers dont seuls 7 ont survécu. Au total les 3 ans et 10 mois "rouges" ont causé la mort de 1,7 millions de Cambodgiens. Tout intellectuel (porter des lunettes suffisait quasiment à être désigné comme intellectuel), opposant au pouvoir, notable, était susceptible d'être envoyé à S21, dirigé par le dénommé Duch.
A l'arrivée des Vietnamiens en 1979, la prison avait été vidée, les khmers rouges ayant fui. On y a retrouvé les corps de 14 personnes, dont une femme, aujourd'hui enterrés dans l'enceinte de la prison.

Une des cellules-salle d'interrogatoire-salle de torture pour les hauts fonctionnaires khmers

Nous pénétrons donc dans ce lieu chargé d'histoire des khmers avec un certain malaise. En faisant abstraction des éléments restants dans les pièces, on imagine aisément des salles de classe gaies remplies d'enfants, où il fait bon de venir et apprendre. Puis on se met à imaginer les atrocités qui ont eu lieu ici. Ca fait réellement froid dans le dos, ne serait-ce que d'imaginer le cerveau tordu qui a conçu ce lieu, destiné à détruire moralement et physiquement les hommes et spécialement les intellectuels, alors que lui-même est un parfait érudit diplômé de grandes universités françaises.


La suite de la visite est très émouvante, avec notamment des photographies de l'ensemble des prisonniers, et des clichés du sort réservé à certains. Tout ici était soigneusement fiché et enregistré, de l'arrestation jusqu'à l'exécution. Une mort généralement réduite à un énorme coup pour fracasser le crâne et tomber directement dans une fosse commune afin d'économiser le prix d'une balle. C'est absolument effrayant.
On passe rapidement par une présentation des éléments de torture utilisés. Il est difficile d'imaginer que de telles atrocités aient pu se dérouler il y a à peine plus de 30 ans ! Le plus effarant étant que les responsables n'ont pas été jugés. Les khmers rouges ont continué d'exister jusqu'en 1999. Pol Pot est mort en 1998, sans jamais avoir été jugé et la crémation de sa dépouille s'est faite sur un vieux tas de pneus.
Pour les autres, la majorité étant encore vivante aujourd'hui, ils n'ont été arrêtés qu'en 2004, et sont toujours en attente de jugement. Seul Duch, patron de S21, a été condamné il y 4 mois à peine à 30 ans de prison, réduits de moitié car il en a déjà fait une partie. Et il vient de faire appel de la décision…



Troublante ressemblance, à un pâté de maison de S21, une véritable école…

Nous sortons du camp plus que retournés et nous dirigeons en marchant, pour «digérer» ce que l’on vient de voir, vers le Palais Royal, qui aura réouvert d’ici là. Sur le chemin, nous passons par des ruelles pas franchement gaies menant à d’impressionnantes grandes avenues fleuries longeant de grandes batisses et des monuments aux dorures extravagantes. Le contraste de cette ville est encore une fois saisissant.



Sur votre droite, les magnifiques poubelles-chaudron en caoutchouc cambodgiennes !
Arrivés au Palais Royal, nous sommes un peu refroidis par le ticket d’entrée de 6,5$ et surtout par l’achat obligatoire d'un t-shirt (au demeurant moche et trop petit) pour cacher les épaules de Maïté. Nous comprenons certes qu’il faille respecter les lieux, notamment au travers de ses vêtements, mais sommes gênés par le côté pompe à fric des touristes... Dans tous les temples que l’on a pu visiter auparavant, emprunter contre une petite somme un sarong suffisait.
La visite du palais en elle-même nous a un peu déçu.s Pour dire vrai, la chaleur, la fatigue et les soucis «turistatiques» de Vincent n’ont pas dû aider.


Bien qu'on ne puisse visiter qu'un quart du site du palais, nous avons tout de même vu quantité de superbes temples et de bâtiments dorés aux formes envolées et aux toits pointus.




Notamment la Silver Pagoda, une pagode tout en ... argent, plein de statues et de monuments très jolis dispersés sur le site, mais on manque un peu d’explications.





Dernière soirée repos à Phnom Penh, et grande hésitation pour la destination suivante, la côte ouest, c’est sûr, mais Sihanoukville ou Kampot, là est la question. Finalement on préfère opter pour la deuxième option avec un choix plus tranquille et authentique que l'usine à touristes que semble être Sihanoukville.