Après 6 bonnes heures de route, nous avons donc quitté la douce ville de Siem Reap pour la bruyante capitale de Phnom Penh. La première impression n'est pas la plus positive. C'est une ville plutôt crade, avec une architecture relativement quelconque, et pas grand chose à faire ou à voir, mis à part 2-3 lieux vraiment chouettes.
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Sur la route de Phnom Penh, dans un resto, une casserole préparant une
délicieuse fricassée de tortue dans sa carapace, ça vous tente ?
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A sa décharge, Phnom Penh a été littéralement vidée de ses 2 millions d'habitants en une journée et ses équipements et industries détruits par les Khmers Rouges, au milieu des années 70's.
Nous passons notre lundi après-midi entre repos dans la chambre d'hôtel et balade dans les rues, pas les plus touristiques, loin de là, et nous sommes dévisagés par à peu près tout le monde.
Nous découvrons un contraste énorme entre l'extrême pauvreté sur les trottoirs et les énormes 4x4 omniprésents sur le bitume. Apparemment, les nombreuses ONG en activité dans le pays y seraient pour beaucoup dans la prolifération de ses monstrueux SUV. On reste également dérangés par le fait qu'on paye principalement en dollars dans tout le pays. Certes c'est bien pratique mais pas franchement économique au final puisque rien ou presque est à moins d'un dollar. Enfin, nous croisons régulièrement de vieux occidentaux traîner avec de jeunes et jolies cambodgiennes, aucun doute sur le fait que ce ne soit pas l'amour qui anime ces dernières. On entend d'ailleurs ensuite 3 vieux pas beaux s'enorgueillir de leur "prise" du séjour, l'un précisant qu'il en a une super qui l'attend aussi en Thaïlande : on croirait qu'ils parlent de marchandise, c'est tout simplement répugnant !
Après cette première rencontre un peu amère avec la ville, nous nous préparons pour notre journée culturelle du mardi.
Au programme, matinée gaie et joyeuse dans les allées des bâtiments somptueux du palais royal (oui oui, le Cambodge est un royaume !) et après-midi plus… intense avec la visite de S21, la tristement célèbre prison-centre de tortures des Khmers Rouges.
Bon, dans les faits, et avec notre sens de l'organisation aigu, ce sera plutôt l'inverse, puisque nous trouvons portes closes au Palais à 11h, il vient de fermer. Petit tour de tuk-tuk express jusqu'à S21, à quelques encablures de là.
Initialement, le site de S21 était un lycée du centre de la capitale. L'arrivée au pouvoir des Khmers Rouges en 1975 a quelque peu changé sa fonction. Ainsi, Pol Pot, au retour de brillantes études supérieures en France où il a découvert Marx, décide de faire du pays un symbole ultra communiste. Il faut donc détruire et interdire tout ce qui est outil industriel pour revenir à une culture manuelle, agraire. L'éducation est aussi à bannir, et les études supérieures, qui ont pourtant "permis" à Pol Pot et aux dirigeants khmers rouges de s'instruire, est méprisée.
Ce n'est donc sans doute pas par hasard si ce lycée de la capitale devient une prison théâtre d'atrocités innommables. En activité de 1975 à la chute du régime en 1979, il a vu passer plus de 14 000 prisonniers dont seuls 7 ont survécu. Au total les 3 ans et 10 mois "rouges" ont causé la mort de 1,7 millions de Cambodgiens. Tout intellectuel (porter des lunettes suffisait quasiment à être désigné comme intellectuel), opposant au pouvoir, notable, était susceptible d'être envoyé à S21, dirigé par le dénommé Duch.
A l'arrivée des Vietnamiens en 1979, la prison avait été vidée, les khmers rouges ayant fui. On y a retrouvé les corps de 14 personnes, dont une femme, aujourd'hui enterrés dans l'enceinte de la prison.
Nous pénétrons donc dans ce lieu chargé d'histoire des khmers avec un certain malaise. En faisant abstraction des éléments restants dans les pièces, on imagine aisément des salles de classe gaies remplies d'enfants, où il fait bon de venir et apprendre. Puis on se met à imaginer les atrocités qui ont eu lieu ici. Ca fait réellement froid dans le dos, ne serait-ce que d'imaginer le cerveau tordu qui a conçu ce lieu, destiné à détruire moralement et physiquement les hommes et spécialement les intellectuels, alors que lui-même est un parfait érudit diplômé de grandes universités françaises.
La suite de la visite est très émouvante, avec notamment des photographies de l'ensemble des prisonniers, et des clichés du sort réservé à certains. Tout ici était soigneusement fiché et enregistré, de l'arrestation jusqu'à l'exécution. Une mort généralement réduite à un énorme coup pour fracasser le crâne et tomber directement dans une fosse commune afin d'économiser le prix d'une balle. C'est absolument effrayant.
On passe rapidement par une présentation des éléments de torture utilisés. Il est difficile d'imaginer que de telles atrocités aient pu se dérouler il y a à peine plus de 30 ans ! Le plus effarant étant que les responsables n'ont pas été jugés. Les khmers rouges ont continué d'exister jusqu'en 1999. Pol Pot est mort en 1998, sans jamais avoir été jugé et la crémation de sa dépouille s'est faite sur un vieux tas de pneus.
Pour les autres, la majorité étant encore vivante aujourd'hui, ils n'ont été arrêtés qu'en 2004, et sont toujours en attente de jugement. Seul Duch, patron de S21, a été condamné il y 4 mois à peine à 30 ans de prison, réduits de moitié car il en a déjà fait une partie. Et il vient de faire appel de la décision…
Nous sortons du camp plus que retournés et nous dirigeons en marchant, pour «digérer» ce que l’on vient de voir, vers le Palais Royal, qui aura réouvert d’ici là. Sur le chemin, nous passons par des ruelles pas franchement gaies menant à d’impressionnantes grandes avenues fleuries longeant de grandes batisses et des monuments aux dorures extravagantes. Le contraste de cette ville est encore une fois saisissant.
Nous passons notre lundi après-midi entre repos dans la chambre d'hôtel et balade dans les rues, pas les plus touristiques, loin de là, et nous sommes dévisagés par à peu près tout le monde.
Après cette première rencontre un peu amère avec la ville, nous nous préparons pour notre journée culturelle du mardi.
Bon, dans les faits, et avec notre sens de l'organisation aigu, ce sera plutôt l'inverse, puisque nous trouvons portes closes au Palais à 11h, il vient de fermer. Petit tour de tuk-tuk express jusqu'à S21, à quelques encablures de là.
A l'arrivée des Vietnamiens en 1979, la prison avait été vidée, les khmers rouges ayant fui. On y a retrouvé les corps de 14 personnes, dont une femme, aujourd'hui enterrés dans l'enceinte de la prison.
Une des cellules-salle d'interrogatoire-salle de torture pour les hauts fonctionnaires khmers |

Pour les autres, la majorité étant encore vivante aujourd'hui, ils n'ont été arrêtés qu'en 2004, et sont toujours en attente de jugement. Seul Duch, patron de S21, a été condamné il y 4 mois à peine à 30 ans de prison, réduits de moitié car il en a déjà fait une partie. Et il vient de faire appel de la décision…
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Troublante ressemblance, à un pâté de maison de S21, une véritable école… |
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Sur votre droite, les magnifiques poubelles-chaudron en caoutchouc cambodgiennes ! |

La visite du palais en elle-même nous a un peu déçu.s Pour dire vrai, la chaleur, la fatigue et les soucis «turistatiques» de Vincent n’ont pas dû aider.
Bien qu'on ne puisse visiter qu'un quart du site du palais, nous avons tout de même vu quantité de superbes temples et de bâtiments dorés aux formes envolées et aux toits pointus.
Notamment la Silver Pagoda, une pagode tout en ... argent, plein de statues et de monuments très jolis dispersés sur le site, mais on manque un peu d’explications.
Dernière soirée repos à Phnom Penh, et grande hésitation pour la destination suivante, la côte ouest, c’est sûr, mais Sihanoukville ou Kampot, là est la question. Finalement on préfère opter pour la deuxième option avec un choix plus tranquille et authentique que l'usine à touristes que semble être Sihanoukville.
Et le jeu de mot sur le blog pour Kampot sera plus facile...
RépondreSupprimerOn se voit bientôt, je crois?!
Bises
Je crois que la photo de la fricassée de tortues est un des trucs les plus tristes que j'ai vu de ma vie.
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