Sympa Sapa !


Comme nous l’a fortement conseillé, voire imposé de force VDP, nous réservons nos billets pour un passage express à Sapa, dans le nord du Vietnam. Au milieu des montagnes, Sapa est le lieu parfait pour du trekking dans des paysages rizières…enfin…pour ceux qui ont amené des chaussures. Et comme nous sommes de grands routards, nous avons laissé chaussures et pulls à Ho Chi Minh. Le trekking étant compromis mais Vincent étant surmotivé pour y aller, nous décrétons une grosse journée mobylette dans les montagnes à la place. Départ mardi soir, retour jeudi matin, avec 9h de train dans chaque sens, avec ça les 2 prochains jours vont être sportifs.

Nous vérifions les prix sur internet du train et décidons de prendre nos billets dans une agence pour quelques dollars de plus mais avec l'avantage de ne pas devoir nous rendre à la gare, un peu en périphérie de la ville. Un peu radins, nous décidons de nous contenter de sièges dits "mous" et ne réservons pas de couchettes. Après tout, on a dormi dans une voiture pendant des mois, on peut bien dormir sur un siège incliné !

Nous quittons donc l’hôtel mardi soir, en direction de la gare. Et ça caille sévère. On commence sérieusement à avoir des doutes quant au bien-fondé d'un séjour en montagne -on nous confirme qu'il y fait encore plus froid qu'à Hanoi- sans pulls chauds ni chaussures. Sur le chemin, on décide donc de couper la poire en deux et d'investir au moins dans des chaussures pas chères, négociées âprement par Vincent qui parviendra à diviser le prix par deux. Nous voici donc propriétaires de chaussures à 6 euros un peu trop petites qui nous sauverons tout de même la vie par la suite.

Arrivés dans le train, première mauvaise surprise : on se rend compte que l'on a payé non pas quelques dollars de plus mais bel et bien le double du prix du billet. Nous avions visiblement lu un prix d'agence sur internet et pas les vrais prix, indiqués sur nos billets et cachés par une carte soigneusement agrafée par les soins de l'agence de voyage. On essaye de se dire que "c'est le jeu" et que finalement nous n'avons pas perdu tellement d'argent à échelle occidentale. C'est donc parti pour 9h de train et 400 kilomètres avec un goût un peu amère. Et si nous pensions dormir pour digérer le fait de s'être fait avoir, c'est raté !
Le train est bien moins propre que sur les photos et si les sièges mous sont un choix plus raisonnable que ceux en dur (du bois sans un coussin), on avait pas compté sur le bruit. Non pas celui du train un peu vieillot mais des Vietnamiens. Nous découvrons avec stupeur qu'ils ne savent pas chuchoter ! Les paroles fusent toute la nuit, dans tous les sens, au téléphone ou avec son voisin, sans craindre d'ennuyer les autres. Et quant nos compagnons de voyage se taisent un peu, les vendeurs ambulants prennent le relais, circulant dans les couloirs en proposant leurs produits à la façon d'une poissonnière… jour et nuit! Pour en finir avec le "sans gêne" vietnamien, nous noterons également la capacité de certains d'entre eux à s'assoir sur le bras de Vincent sans s'excuser ou en partir, écraser les cheveux de Maïté de la même façon ou encore agiter son chapeau pointu sur nos sièges, nous empêchant de nous y adosser. Ah le train au Vietnam on s'en souviendra, et plus qu'un mauvais souvenir, c'est surtout pour nous l'occasion de découvrir un peu plus la façon de vivre de la population locale.

Arrivés à Lao Cai, terminus de notre voyage, nous sommes un peu inquiets de la température à l'extérieur. Finalement ça va, on pense survivre à un journée en scooter, il ne fait pas beaucoup plus froid qu'à Hanoi et nos pieds sont au chaud. On a quelques difficultés à trouver une navette, celles présentes nous proposant des prix 10 fois trop fort. Après de longues négociations et beaucoup d'hésitations car le rabatteur était un sacré abruti, on finit par monter dans l'une d'elle afin de ne pas perdre trop de temps. Le chemin serpenteux jusqu'à Sapa nous confirme qu'une location de scooter dès la gare aurait été épique.


A Sapa, un épais brouillard et un vent glacial nous attend. On est un peu rebutés à l'idée de faire du scooter dans ces conditions et optons finalement pour un petit trekking de 12 kilomètres avec guide. C'est ainsi que nous faisons la connaissance de notre jeune guide de 17 ans, Chai, au look improbable mais à l'anglais irréprochable pour une Vietnamienne.
Rebecca et Barbara, deux Allemandes rencontrées dans la navette nous accompagnent dans cette balade. Entre autres … car une horde de Vietnamiennes des villages aux alentours nous suivent partout. Vraiment partout. On le découvre bien vite puisque l'une d'entre elle nous suit même jusqu'au café où nous prenons un chocolat chaud avant de partir, nous attendant sur le pas de la porte.


Au tout début de cette petite marche, nous pensons avoir pris une mauvaise décision: il y a tellement de brouillard qu'on ne voit rien et nous restons sur la route. Le côté mystique de l'endroit nous plait bien mais on aurait aimé admiré les rizières en terraces. Puis nous nous éloignons de la route et rencontrons des buffles, très impressionnants mais apparemment inoffensifs. Le brouillard se retire un peu, nous laissant entr'apercevoir un paysage magnifique. Puis nous perçons le nuage et découvrons avec joie des rizières superbes entourées de villages.




Sur le chemin, nos "pots de colle" qui nous accompagnent ne nous proposent rien à vendre. Apparemment elles attendent d'arriver dans leurs villages pour le faire et se contentent de nous poser des questions sur nous, dans un anglais étonnamment meilleur que les gens d'Ho Chi Minh ou Hanoi. Nous en apprenons également un peu plus sur notre jeune guide Chai qui a quitté l'école il y a un an et demi et travaille - apparemment - comme guide pour financer l’université à Hanoi, qui représente à ses yeux une véritable échappatoire à sa vie dans les montagnes.
Pour autant elle aime et connait très bien son village que nous visitons et c'est un plaisir de l'écouter. Surpris par la diversité de son vocabulaire et se compréhension de l'anglais, nous apprenons qu'elle n'a reçu aucun cours et n'a appris la langue qu'en parlant avec les touristes.



La marche est plutôt aisée si on a des chaussures de randonnées, beaucoup moins avec des semelles lisses. Les centimètres de boue sont casse gueule dans les descentes et nos "pots de colle" nous sauvent la mise plus d'une fois. Bon, on n'est pas les pires, les buffles glissent dans les descentes et emportent des kilos de boue sur le passage… pour le plus grand effroi des touristes ! Nous visitons plusieurs villages où Chai ne nous incite pas à acheter des souvenirs inutiles. Grace à elle, Sapa n'a pas vraiment l'allure d'usine à touristes pour laquelle elle est réputée.

 Magnifique de loin… un peu moins quand on se rapproche !



Nous rencontrons un Française dont l'amie connait le coin et nous apprenons une autre réalité de ces petites Vietnamiennes vivant dans les villages. Elles auraient tendance à tomber très jeunes dans la prostitution pour gagner assez d'argent et partir de leur village. Ces exactions commises sur de jeunes filles ont bien été aidées par le tourisme qui a favorisé l'afflux de Russes notamment, certains de leurs compatriotes appréciant apparemment la compagnie de jeunes filles... Des plantations d'opium commenceraient également à fleurir dans les vallées.




Après 12 kilomètres pour les moins boueux à travers rizières et villages, nous rentrons en ville en minivan des images plein la tête. La marche et les sourires des villageois nous ont fait oublié le froid et nous sommes ravis d'avoir opté pour un petit trekking.






On se réchauffe dans un café après avoir discuté avec un Irlandais habitué de l'Asie du Sud Est. Il nous confie sa déception du Vietnam et nous assure que le Cambodge est bien mieux, les gens étant notamment beaucoup plus sympathiques. De notre côté, notre vision est sans doute un peu différente puisque le fait de connaitre VDP nous a permis de rencontrer réellement sa belle famille Vietnamienne qui nous a vite adopté. Dans la navette pour nous ramener à Lao Cai, nous discutons avec un Anglais retraité passionnant qui voyage pendant 6 mois avec son vélo entre la Chine et le Vietnam. Une autre rencontre éphémère que nous oublierons peut-être mais qui nous aura apporté quelque chose quoiqu'il arrive.

Nos nouveaux amis d'Hanoi !
Après un "Pho" traditionnel, nous attendons notre train et discutons avec une mère et son fils d'Hanoi et une Vietnamienne de notre âge voyageant avec une jeune fille d’amis américano-italien, tous en pleine partir de Scrabble en anglais. En un rien de temps nous voilà engagés dans la partie sans trop savoir comment. Nous passons un très bon moment avec ces Vietnamiens qui parlent bien anglais, la jeune mère travaillant dans l'environnement, l'autre étant traductrice. Les échanges étant souvent limités ici à cause de la langue, nous sommes ravis de pouvoir discuter enfin librement avec de "vrais Vietniamiens" et en apprendre un peu plus sur eux et leur pays.

Le retour se passe comme à l'aller, voire pire encore, mais cette fois nous sommes prévenus. Débarqués à 4 heures du matin à Hanoi, nous errons le temps que l'hôtel ouvre et sommes stupéfaits par le calme ambiant et les rues vides de scooter. Les seules personnes que l'on croise dorment dans la rue à coté de leur bouiboui, se réchauffent au bord d'un feu improvisé sur le trottoir, ou sont déjà levées et coupent des dizaines de kilos de viande à meme le sol. Finalement, si on veut un peu de calme dans les grandes villes Vietnamiennes, il faut se lever de bonne heure !
On fait un peu nos flemmards pour notre dernier jour dans la capitale, ce qui nous donne l'occasion de discuter un bon moment avec le réceptionniste de l'hôtel. A 21 ans, travaille depuis déjà 4 ans et envoie la quasi totalité de son salaire à ses parents et petits frères. Il gagne plutôt bien sa vie comparé à beaucoup au Vietnam avec 2 millions de dongs par mois ... soit 80€. Le contraste est saisissant et nous réalisons combien nous sommes chanceux de pouvoir partir 6 mois en voyage. Après un rapide calcul, cela représente plus de 5 ans de salaires pour lui. Nous sommes définitivement des enfants gâtés !


2 commentaires:

  1. trés instructif ce post ! Les couleurs des tissus des vietnamiennes sont saisissantes, je me demande comment vous arrivé à prendre d'aussi belles photos de personnes sur le vif sans qu' elles s'en apercoivent. Chapeau ! Vivement le cambodge

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  2. Le 25 décembre.. Sapa de noël

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